Petite intro : cet article a été d’abord publié sur Medium le 4 décembre 2017 et quelques changements ont été opérés depuis 🙂
—
Mon année 2017 a été lourde en changements, une vraie année pivot qui a accompagné un engagement de plus en fort vers une consommation plus raisonnée.
Ma compagne était déjà très engagée dans une consommation bio et locale. On a tenté de passer au niveau supérieur, ce qui n’a pas toujours été facile, car ça demande de déconstruire son modèle de consommation, celui de nos parents, de notre famille, de notre entourage…
Heureusement, c’est de plus en plus simple car de nombreuses initiatives sont prises, tout autour de nous, à grande et plus petite échelle.
Fin 2017, il est temps de dresser un bilan des actions qu’on a pu réaliser pour les partager et aider celles et ceux qui souhaiteraient s’y aventurer également.
Et sinon, concrètement ?
Pour situer un peu le contexte, nous sommes deux, en couple et sans enfants, et nous habitons en milieu très urbain (Lyon 7e). Nous travaillons à temps plein l’une et l’autre et n’avons pas des heures illimitées à consacrer à notre vie quotidienne. On a conscience du privilège d’habiter en plein centre-ville et de pouvoir faire beaucoup de choses autour de notre appartement, mais la plupart peuvent être appliquées par n’importe qui !
Diminuer petit à petit ce que l’on met à la poubelle
Par conviction écologique et parfois économique, on tente de diminuer nos déchets. Pour être claire, on ne fait pas du zéro déchets un objectif de vie. On cherche simplement à réduire drastiquement ceux du quotidien, quand il est possible de faire autrement, comme acheter du lavable plutôt que du jetable.
C’est un processus, on ne peut pas tout faire d’un coup, mais voici quelques petits gestes qui nous incitent à jeter un peu moins. Certains vont peut-être vous paraître évidents, mais force est de constater qu’ils ne le sont pas pour tout le monde.
- À table, plus de papier essuie-tout ou serviettes jetables, mais des serviettes de table en tissu. On achète encore de l’essuie-tout, mais il nous sert maintenant de façon très ponctuelle.
- Pour le repas de midi préparé à la maison, ma compagne n’a pas de couverts sur son lieu de travail : elle utilise des couverts de camping.
- Ferventes consommatrices d’eau gazeuse, on a privilégié l’achat d’une machine Sodastream manuelle (qui fonctionne donc sans électricité). Les bouteilles de gaz sont consignées et donc réutilisées. Non seulement on fait moins de déchets, mais en plus on ne se balade plus de packs d’eau !
- L’achat en vrac : c’est sûrement la démarche la moins évidente car elle nécessite d’anticiper un peu et d’aller dans des épiceries spécifiques, mais on a investi dans des bocaux en verre et des sacs à vracs (en coton bio) pour pouvoir acheter nos céréales, pâtes et fruits secs en vrac.
- Pour savoir s’il y en a près de chez vous, et surtout quels produits vous pouvez y trouver, le site Abracadra-vrac vient de voir le jour.
- Finis les cotons jetables, j’ai maintenant de jolis carrés démaquillants en coton bio que je lave dans leur filet à la machine à laver.
- Allergique aux serviettes hygiéniques jetables, ma compagne utilise des serviettes hygiéniques lavables. Un investissement au départ mais sur la durée, un vrai changement pour son corps !
- Consciente de mon utilisation un peu trop importante de shampooing et de gel douche, je suis passée au savon bio pour le corps et au shampooing solide. Ce dernier a été une vraie révélation car mes cheveux ne graissent plus autant qu’avant. De son côté, ma compagne utilise un savon au lait de chèvre pour le visage.
- Côté linge, on fait notre lessive et notre adoucissant maison. Ça prend 20 minutes une fois par mois et ça ne coûte presque rien, pour une efficacité tout à fait équivalente à des lessives du commerce. Franchement le changement le plus bluffant qu’on a pu réaliser.
- On n’achète plus de pailles ou de vaisselle jetable !
- On utilise des mouchoir en tissu.
- On a même craqué pour un lombricomposteur !
Personne n’est parfait·e !
On a encore beaucoup de chemin à parcourir :
- De mon côté, à défaut de tampons, j’ai tenté la cup mais elle était trop douloureuse. Je n’ai donc pas encore pu faire de changement à ce niveau.
- Côté produits d’entretien, on en est encore au niveau presque zéro parce qu’on a du stock, mais les prochaines étapes vont être de petit à petit en remplacer le plus possible par du fait maison.
- On est en cours de test de cure-oreille en inox (sexy all the way) pour remplacer les cotons-tige, mais c’est un stade difficile à passer de notre côté (par peur de se faire mal notamment).
- Par confort et par manque de temps, on utilise encore un peu trop massivement Amazon Prime ou des services de livraison alimentaire.
- Même si on essaie de privilégier le vélo pour nos déplacements, on utilise encore trop la voiture et la moto.
… et toutes les choses auxquelles on ne pense pas encore tant c’est naturel dans notre façon de consommer.
Le secret : ne pas se mettre la pression !
Si ces premiers pas vous tentent mais vous font peur, pensez à cette belle phrase de la famille Zéro Déchet :
Ce n’est pas parce qu’on ne peut pas tout faire qu’il ne faut rien faire.
Il faut y aller à son rythme, en fonction de ce que l’on est prêt·e·s à accepter ou non. Par exemple, on discute de se passer de papier toilette au profit de lingettes lavables, mais ça demande une organisation un peu plus forte que ce que l’on est prêtes à réaliser (pour le moment).
Mieux consommer, c’est se demander “quoi” mais aussi “où”
Faire vivre les commerces qui s’engagent pour une meilleure consommation
C’était l’étape facile car je pars avec un gros avantage : je DÉTESTE faire les courses dans des hypermarchés. J’ai toujours détesté ces temples du pack 4+1 offert dans lesquels on pousse des chariots qui ne demandent qu’à être remplis et leurs programmes de fidélité aussi intrusifs qu’incitatifs.
De ce point de vue, j’ai de la chance car habitant en ville dans un quartier très engagé (Lyon 7), j’ai l’embarras du choix en terme de magasins bio ou de petites épiceries. Finies les grosses courses du samedi : j’ai investi dans un vélo de ville avec un panier et des sacoches, de quoi passer à l’épicerie du coin en rentrant du boulot sans se poser de questions. Ma compagne, elle, travaille à côté d’un magasin bio, ce qui lui permet d’y passer plusieurs fois par semaines entre midi et deux et de réaliser la majorité des achats.
C’est confortable : on consomme mieux, bio, local, et l’on gaspille moins, car on achète que ce que l’on va consommer, rapidement.
Côté fruits et légumes, les marchés restent évidemment une bonne solution, malheureusement, nombre de maraîchers se fournissent au même endroit, et si c’est parfois local, c’est encore rarement bio. Et comme le matin, on dort ou on travaille, on n’y va que trop rarement.
Les AMAP présentent des alternatives intéressantes pour avoir des fruits et légumes de saison toute l’année, dont vous connaissez la provenance et la nature. De nôtre côté, on nous a beaucoup vanté les bienfaits de la Guill’Amap mais ça ne convient pas à notre façon de consommer (on a une consommation assez irrégulière du fait qu’on bouge beaucoup et on aime trop choisir nos aliments).
Mise à jour du 24/09/18 : on a finalement craqué sur la Guill’AMAP depuis 6 mois et on ne reviendrait pas en arrière ! Des fruits et légumes bio, locaux, en bonne quantité et de qualité !
Se questionner sur l’impact de ce que l’on met dans son assiette
En avril de cette année, je suis partie quelques jours en week-end avec une amie (coucou Camille) végétarienne de longue date. Fascinée par cette posture que j’estimais alors très engagée, je l’ai questionnée sur le pourquoi et le comment.
Elle me glisse que c’est un livre qu’elle a lu il y a 4 ans qui l’a fait prendre conscience et qui l’a poussée sur la voie du végétarisme. Forcément intriguée, je lui ai demandé quel était ce livre, et je l’ai commandé. C’était No Steak, d’Aymeric Caron.
Ce livre a le mérite de balayer la consommation de viande sous tous les points du vue : environnemental, nutritionnel, médical, culturel, avec auto-dérision et lucidité. Un livre très accessible, pas du tout donneur de leçon, plein d’humour : il m’a poussée à me dire, à moi aussi, que la consommation de viande n’était peut-être plus nécessaire.
Celles et ceux qui me connaissent savent ce que cela veut dire pour moi : je mangeais du jambon au petit-déjeuner, j’étais fan absolue de sushis (j’en consommais 2 fois par semaines) et je ne concevais pas un bon repas estival sans barbecue.
Si je voulais continuer à consommer de la viande, je voulais le faire en toute conscience, alors j’ai décidé d’arrêter de fermer les yeux et de me confronter à la réalité des abattoirs : j’ai visionné l’intégrale des vidéos de l’association L214. Tremblements, frissons, pleurs… ça a eu l’effet d’un électrochoc. Ça m’a pété à la gueule. Dans la foulée, j’ai proposé à ma compagne, qui était aussi déjà bien sensibilisée, de faire un défi végétarien d’un mois. Un mois en bannissant toute consommation de chaire animale. Une sorte de période de transition pour voir si c’était une lubie passagère ou un vrai déclic. Au bout d’un mois, j’ai eu ma réponse : je ne pouvais plus revenir en arrière.
Aujourd’hui, on arrive à près de 6 mois de végétarisme. Le temps de dresser un micro-bilan de ces premiers pas dans le monde merveilleux du non-carné
Au début, ce n’est pas facile de savoir comment s’alimenter, surtout pour compenser les protéines. Au bout de plusieurs mois, ça devient naturel, mais il faut déconstruire des années d’apprentissage alimentaire.
C’est mieux de cuisiner ses petits plats. Sinon, on se retrouve à manger un peu toujours la même chose et on perçoit le végétarisme comme un truc chiant.
On redécouvre le goût des légumes et des aliments en général. Et on se rend compte qu’on ne sait pas vraiment cuisiner des légumes (enfin, je parle pour moi).
Ce n’est pas toujours facile pour les repas de groupe, mais on essaie de ne pas poser problème : on dit toujours qu’on se contentera de la garniture si un plat de viande était prévu. Par chance, on a un très bel entourage qui se creuse la tête pour nous faire de très bons plats ❤ .
Il peut être nécessaire de donner un coup de pouce à l’entourage : leur donner une liste de choses qu’ils ont l’habitude de cuisiner et qui sont végé-friendly (ratatouille, omelette, taboulé, gratins de pomme de terre…)
On est agréablement surprises par le nombre de plats végétariens proposés dans les différents snacks et restaurants autour de nous. On sent clairement une évolution ! Le site VegOresto peut vous aider si vous ne savez pas trop où manger.
On est encore loin d’être vegan, mais on prend conscience aussi de ce côté-là : on tente de trouver des alternatives quand c’est possible, de diminuer notre consommation de lait et de fromage, et idéalement d’acheter des œufs de producteurs que l’on connaît.
Et pour finir sur une note ironique, on a pu faire un top 3 des remarques relou qui arrivent après notre coming-out en tant que végétariennes :
– Non, les carottes ne souffrent pas car elles n’ont pas de système nerveux central
– Non, on n’a pas de carence car on compense autrement (les légumineuses sont nos amies !)
– Non, ça ne nous “manque” pas : on a aucune envie de manger de la viande ou de la charcuterie, même quand elle est sous notre nez. Je ne vous cacherai pas que les papilles frétillent encore à l’odeur d’une viande grillée, mais l’idée de la mettre en bouche est tout à fait répulsive.
Là aussi, le secret : ne pas se mettre la pression !
Vous ne faites les choses que par vous et pour vous. Inutile de vous mettre une pression de dingue si vous ne vous sentez pas capable d’être 100 % VG. Encore une fois, tout ceci est un processus et la prise de conscience n’en est que la première étape.
Attention bienveillance
Un terme un peu galvaudé aujourd’hui mais pourtant tout à-propos : il ne faut jamais oublier d’être bienveillant envers les autres, qui n’en sont pas au même niveau de déconstruction. Accepter de ne pas vouloir convaincre, de ne pas être entendu·e et simplement faire les choses dans une direction qui a du sens pour nous, ce qui mènera nécessairement l’Autre à se questionner sur elle/lui-même.
Pour terminer
Dans notre entourage familial, on passe très certainement pour des bobos hippies, mais on assume ! Ce sont des engagements que l’on prend naturellement, petit à petit, sans pression. Comme je le disais en préambule, le but de cet article (qui s’est révélé bien plus long que prévu) était surtout de faire un état des lieux des changements qui se sont opérés à notre petit niveau, dans la durée. On ne peut pas tout changer en même temps mais à mesure du temps, on y arrive. Si ça vous donne des idées, tant mieux !
Si vous avez des idées, remarques ou questions, vous pouvez laisser un commentaire 🙂